https://www.youtube.com/watch?v=C7fx2dhlJA4 ♪ Don't stop the devil

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ARME 1 : Épée double tranchant, 90cm, semi-épaisse, surcouche ornement en carbone

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Le tournoi venait d'être annoncé. Bientôt, la foule se rassemblerait pour encourager les participants. Chaque année, ce tournoi était synonyme de divertissement, de chance, de courage, mais aussi d'affaires. Pour les Brotz, c'était aussi l'occasion de briller par leur création, de renforcer leur réputation.
Wilhelm avait parfaitement conscience de cet enjeu, aussi prenait-il un malin plaisir à griffoner le soir sur son carnet, à penser des design, des figures, des formes, à fouiner dans la réserve pour y trouver des ornements qu'ils avaient en stock pour les manches, quel type de cuir utiliser s'il devait en choisir un, l'épaisseur, la couleur, la courbure, la pointe, etc. Sa tête fourmillait d'idée et toutes n'étaient pas réalisables, mais cela ne l'arrêtait pas. Et depuis quelque jours déjà, il avait travaillé sur un design simple, modeste, mais efficace. Quelque chose qu'i n'irait probablement pas en expédition, mais qui servirait en arène.

Dès l'aube, Wil s'était rendu à la forge, profitant du calme matinal pour faire chauffer ses principaux matériaux. Le carnet posé sur le plan de travail voisin, il recalculait la longueur en fonction de ses propres proportions, préférant un design pour quelqu'un de taille moyenne et non aussi grand que lui.
Le fer chaud fut battu. Tapé. Chauffé à nouveau. Plongé dans l'eau, reposé ; aiguisé, puis retapé, encore. La lame prenait forme au fil des heures. Que personne ne le dérange, il avait prévenu son père ; il ne prendrait aucune commande ce jour-ci pour la semaine suivante. Son temps serait consacré au tournoi et à moins d'une commande spécifique, il laissait les commandes normales aux autres forgerons. Le patriarche n'y avait vu aucun inconvénient, plutôt même satisfait que son fils s'implique autant. Comme chaque année, en fait. C'était sa façon de briller. A ne pas savoir se battre, il n'avait aucun intérêt à participer. Alors autant en tirer avantage autrement.

Vers le milieu de la matinée, le plus gros du travail était déjà fait et Wil s'accordait une pause de quelques minutes pour boire longuement et revérifier, encore, le design. Il regardait la lame aiguisée sur l'enclume ; le plus long sans forcément être le plus compliqué restait à venir. Le manche. La partie minutieuse et demandant patience. Le visuel était aussi important, il le savait ; une arme moche n'attirerait que peu les clients, peu importe son efficacité. Et puis... ça l'intéressait aussi, d'y ajouter un peu d'esthétisme dans son monde de brute. Il se leva de sa chaise et après avoir craqué sa nuque, se remit au travail.

En début d'après-midi, il avait terminé. Le manche était prêt. Encore un peu chaud, un peu salissant. Restait plus qu'à polir un peu, huiler, protéger, et l'épée serait prête à la vente. Nul doute qu'elle trouverait un acheteur assez rapiement ; Wil avait confiance.
Mais avant qu'elle passe à la vente, elle serait soumise aux tests. Tranchant, résistance, poids, maniabilité ; tout y passait.

Elle était, comme d'habitude, comme à son habitude, parfaite.

https://www.youtube.com/watch?v=wbfn6G5r7V0 ♪ Can't go to Hell

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BOUCLIER 1 : Bouclier circulaire, 2 hanses métalliques, 80cm de diamètre

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L'épée était partie bien rapidement, comme il l'avait prédit. Wilhelm avait ce regard sérieux mais ce petit sourire satisfait qui hurlait qu'il n'en était qu'au début de ses oeuvres. Il venait également d'apprendre que son frangin, le jeune Ashlan, allait participer. Grand bien lui fasse. Quelque part, ça le dérangeait un peu, mais de l'autre, il espérait le voir briller. Un regard en biais vers le patriarche et Wilhelm soufflait encore les braises avec le soufflet dans les mains. La chaleur de l'âtre était fatiguante mais rien d'inhabituel. La sueur perlait sur son front et lorsque son regard se reposa sur son travail, il eut un long soupir. Les muscles gonflés sous l'effort, les yeux plissés, les pellicules fines de fer brûlé tachant son tablier. Il éloigna le soufflet, le posant à proximité et attrapa sa pince. Au dessus de la braise, sa prochaine oeuvre. Circulcaire. Épaisse. Le métal rougit était prêt.

La pièce sortie, il la posa sur un épais poteau à la tête arrondie. Et alors qu'il le tenait, il frappait avait un marteau plus fin. Des coups répétitifs, précis ; la pièce tournait alors qu'il tordait le centre pour donner un début de profondeur au futur bouclier. Et lorsque le métal refroidissait, rendant la manipulation trop difficile, il la repassait au feu. Inlassablement, les gestes furent répétés en boucle, jusqu'à ce que la courbure soit satisfaisante.
Puis ce fut au relief ; bouclier à l'envers, la cisaille et le marteau fermement tenu, Wilhelm suivait son propre marquage au charbon de bois sur le bouclier pour donner un relief à sa face qui plus tard, serait peinte d'or. Il voulait une pièce qui rappelle la richesse mais également le soleil. Quelque chose qui brille en dépit de sa forme simpliste et dont les reliefs pouvaient déjouer le sens d'une lame perforante. Assis dans un coin de la forge, il retraçait les angles, les lignes droites, puis reposait le bouclier entre deux enclumes pour que seuls les bords soient tenus. Et il tapait. Répétitivement. Touchait les reliefs, s'assurant de l'homogénéité.

Et quand en fin de journée, le bouclier était finement forgé, il n'aurait qu'à appliquer la dorure.
Wilhelm était assis, verre d'eau aux lèvres, alors que son regard était posé sur le bouclier suspendu au bras fictif fait de bois. Les poignées internes métalliques assuraient une bonne prise mais aucun réglage. Un bouclier fin. Un bouclier féminin. Une personne du même gabaris que lui le trouverait trop léger.

Le cul du verra frappa sèchement la table. Wilhelm se leva pour attraper le bouclier ; prêt à la vente.

https://www.youtube.com/watch?v=gp-HxvGi5NU ♪ Force of Wil(l)

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ARME 2 : Dague perforante épaisse en fer blanc, 35cm, double tranchant

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Ce n'était pas une surprise. Les affaires marchaient, les armes se vendaient. L'approche du tournoi était définitivement une des périodes les plus chargées de l'année. Aucune expédition n'était organisée pendant ce temps, aucune commande de l'armée ne venait bousculer les commandes de clients. Et puis, pour Wil, c'était aussi une occasion de faire un cadeau. Un don. Quelque chose qu'il espérait saurait faire ses preuves efficacement et mener son possesseur vers la liberté.
Après quelques heures de repos et un repas bien englouti, le forgeron s'était réveillé au milieu de la nuit. Incapable de se rendormir, il avait déambulé dans la forge un petit moment, carnet à la main, faisant les comptes, fouillant les tiroirs. Puis en retombant sur ses croquis, il demeura pensif un instant ; son visage se leva et il fixa le plafond. Silencieusement. Le carnet claqua en se fermant, et le forgeron s'en alla chercher son tablier et ses gants. Il traversa la remise, inspecta les stocks. Il avait déjà les ornements de disponibles, réalisés par d'autres personnes de la forge en avance. Et le combustible ? Wil se retourna, poussa une porte et compta les sacs ; il leur faudrait bientôt aller chercher du charbon. Lequel prendre pour ce qu'il avait en tête ? Bois. Terre. Il se laissa le temps de calculer le pour et le contre, les avantages et les inconvénients de chaque charbon. Puis il jeta son dévolu sur le charbon de terre. Plus toxique, plus sauvage, avec certes plus d'impuretés que le charbon de bois, mais avec une excellente tenue du feu. Wil misait sur cette consitance pour renforcer et forger son fer.

Le feu fut allumé dans la petite forge à l'entrée du bâtiment. Il n'utiliserait pas l'âtre et son grand feu, il n'en avait pas besoin. Il allait devoir maîtriser son foyer et le surveiller de près. Les premières flammes apparaissant des quelques brindilles sèches utilisées comme conductrices, le premier jet de charbon fut jeté. Il lui faudrait bien compter deux heures avant de pouvoir utiliser pleinement son feu, le temps que le charbon s'enflamme, que les impuretés soient brûlées et que le feu trouve sa parfaite température. Pendant ce temps, il se devait de rester éveillé ; il dévora une pomme, s'abreuva d'un grand verre d'eau, s'étira, nettoya quelques outils, prépara son fer, regardait le ciel d'un air pensif. Quelques flammes vertes par-ci par-là qui s'étaient manifestées au début, preuve de la présence de sulfates qu'il devait éradiquer avant de pouvoir forger. Lorsque tout fut épuré, Wil était prêt. Il n'avait pas même eu de faire un dessin de ce qu'il comptait faire. L'idée était claire, nette et précise. Le fer fut enfourné ; et les poussières incandescentes laissaient voir un visage on ne peut plus sérieux dans l'obscurité de la nuit.

A son réveil, c'est ce qu'il trouverait à son chevet, le jeune @Ashlan Brotz. Une dague, faite sur mesure, pour lui. Comme un souhait de bonne chance, un encouragement silencieux ; l'avertissement qu'il devait faire honneur à la famille s'il comptait se battre. Qu'il ne le fasse pas les mains vides.
Wil, lui, était déjà parti au marché.

https://www.youtube.com/watch?v=8rPFuvXNzVM ♪ The Devil Inside

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ARME 3 : Épée courte langue de serpent, 70cm, tête en fourche, épaisse

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Encore et toujours du bruit. Non pas celui de la forge, mais bien des gens. Toujours ces marmots à courir de partout, à brailler, gueuler leur innocence à qui veut bien l'entendre. Ils riaient, dévalaient les rues et les pentes avec l'énergie qui caractérisait les enfants. L'on savait une partie de la forge des Brotz ouverte, donnant sur la rue, que l'on pouvait y voir régulièrement l'aînée des fils modeler le fer à coups de marteau. Imperturbable. Les cris des enfants, leur agitation, il y était habitué. C'était peut-être bien là le trait de caractère du jeune homme que beaucoup n'arrivaient pas à anticiper. Lui si brutal, si colérique et impulsif, faisait preuve d'une tolérance insoupçonnée envers la jeunesse. Certains s'invitaient dans la forge et il la repoussait en silence, sans les brusquer, mais avec un regard qui en disait long. Ne joue pas avec ça.
Alors à force, certains s'étaient habitués à sa présence également et à ses mises en garde. Quelques uns étaient assis sur des enclumes inutilisées à discuter entre eux ; parfois, l'on pouvait voir une petite fille sucer son pouce, assise sur le plan de travail à l'écart pour le regarder travailler. Wil forgeait, inlassablement, du matin au soir ; soufflait les flammes du charbon, trempait le fer, testait l'aisance du mouvement et scrutait la courbe du métal.
Les enfants curieux parfois parcouraient son carnet en quête d'une épée sublime ou d'un bouclier magistral, seulement pour être confrontés à l'écriture brouillon et sale d'un homme finalement peu éduqué. Des ratures, des gribouillis, des mesures approximatives que lui seul comprenait faute d'avoir de vraies mesures. Et parfois dans ce carnet, il y avait des jolis dessins. Des têtes de bêtes étranges qu'ils n'avaient jamais vues, des formes de glaives qui avaient été barrées car trop ambitieuses, ou des dessins aux traits grossiers, corrigés maintes et maintes fois.

Les enfants relevèrent le visage lorsqu'ils entendirent le faire trempé ; le bruit si distinctif du trempage était toujours quelque chose de fascinant pour eux. Ils patientèrent, curieux. Qu'allait-il sortir de l'eau ?
La lame se retira, lentement ; l'eau coula sur le fer encore sombre, vide de tout motif. Le regard curieux des enfants fut accompagné d'un sourire admiratif lorsque la pointe fut dévoilée ; deux têtes. Une arme inhabituelle, probablement expérimentale, un peu. Et sans leur accorder un regard, Wil replongeait l'épée dans la braise. Une telle épée nécessiterait bien plus de couches que les autres.

Le dernier enfant parti, Wil se trouvait déjà à l'arrière de la forge, dans le jardin de leur demeure, face au mannequin de paille. L'épée dans la main, il allait la soumettre à quelques tests. Il pointa l'arme vers le coeur du mannequin pour le percer ; seuls quelques centimètres s'engouffrèrent. Peu perforante. Il testa le tranchant ; le bras en bois fut coupé net, mais un bras ne serait probablement pas tranché. Puis le frappant ; le plat de la lame était lourd et robuste, probablement assommant, plus dangereux que le tranchant.
Et enfin, la fourche ; le centre épais et arrondi de la fouche émoussait l'épée test et en un mouvement souple de poignée, le mannequin était désarmé. Plus qu'une arme d'attaque ; une arme de défense. Un sourire satisfait étira ses lèvres alors que le forgeron faisait virevolter l'épée courte. Vicieux.